Le sommet trilatéral égypto-français-jordanien a conclu ses travaux au Palais Al-Ittihadiya le lundi 7 avril, en se concentrant sur les développements récents de la situation régionale, notamment les changements rapides dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Le président français Emmanuel Macron est arrivé au Caire le soir du 6 avril pour une visite officielle de trois jours.
En plus du sommet trilatéral, qui a été le point culminant de la visite de Macron au Caire, l’agenda comprenait une série d’activités et de rencontres de haut niveau. Macron a commencé sa visite par une tournée dans la région de Hussein et au Grand Muséum Égyptien, symbolisant les profondes relations culturelles et civilisationnelles entre les deux pays. Il a ensuite tenu une réunion bilatérale avec le président Abdel Fattah el-Sisi, abordant des questions politiques et régionales clés.
Le lendemain, un forum économique élargi a réuni une sélection d’hommes d’affaires français et égyptiens, où plusieurs accords stratégiques ont été signés pour renforcer le partenariat économique entre Paris et Le Caire. Macron a également visité la station de monorail Adli Mansour, décrivant le projet comme un “fierté partagée”, soulignant ainsi la coopération dans les infrastructures et les transports intelligents.
Pour approfondir la dimension culturelle et académique des relations bilatérales, Macron a visité l’Université du Caire, où il a discuté des moyens d’élargir la coopération scientifique et éducative. La visite s’est achevée dans la ville d’Al-Arish, où le président français a été informé de la situation humanitaire liée aux conséquences de la guerre à Gaza, soulignant l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la possibilité d’une assistance humanitaire.
Il s’agit de la quatrième visite du président français Emmanuel Macron en Égypte, ce qui reflète la singularité des relations entre les deux pays et confirme la solidité du partenariat stratégique entre Le Caire et Paris. Cette visite revêt une importance supplémentaire car elle coïncide avec le sommet trilatéral à un moment crucial pour la région, soulignant le rôle central de l’Égypte dans la coordination avec les partenaires régionaux et internationaux pour faire face aux défis croissants.
Importance du timing du sommet trilatéral entre l’Égypte, la Jordanie et la France :
Le sommet s’est tenu au Caire en présence du président égyptien Abdel Fattah el-Sisi, du roi jordanien Abdullah II et du président français Emmanuel Macron à un moment extrêmement sensible sur le plan régional. Ce timing montre que la rencontre n’était pas simplement une occasion protocolaire, mais une réaction rapide à une série de développements rapides menaçant une explosion régionale à grande échelle.
L’un des développements clés est la reprise des opérations militaires à Gaza ; après une période de calme fragile pendant des semaines, Israël a repris ses opérations militaires dans la bande de Gaza, notamment dans des zones au sud comme Rafah et Khan Younis, menaçant de provoquer une crise humanitaire bien plus importante que celle précédemment observée.
Le sommet a également lieu à un moment très sensible, alors que l’Égypte fait face à des pressions internationales et de sécurité croissantes ; des appels internationaux répétés ont exigé l’ouverture permanente du passage de Rafah pour les Palestiniens fuyant la guerre à Gaza, malgré la position ferme du Caire contre les politiques de déplacement forcé et son rejet catégorique de tout plan visant à vider la région de ses habitants, y compris les pressions américaines exercées par certains groupes pour accepter des scénarios inacceptables du point de vue égyptien.
Dans ce contexte, la France tente de jouer le rôle d’un médiateur européen équilibré, face au biais américain évident en faveur d’Israël, tandis que la Jordanie s’inquiète de plus en plus des répercussions de l’escalade en Cisjordanie et des possibilités d’explosion des tensions à Jérusalem. Ainsi, le sommet peut être considéré comme un effort diplomatique conjoint visant à contenir la crise, apaiser les tensions et peut-être ouvrir la voie à une nouvelle initiative politique visant à raviver le processus de négociation, ou du moins à fournir un cadre pour un cessez-le-feu et une stabilisation.
Tout cela coïncide également avec un regain de tensions au sud du Liban, la reprise des bombardements mutuels et une augmentation des déclarations militaires entre Israël et le Hezbollah, ainsi qu’une montée des tensions frontalières entre le Liban et la Syrie. Tous ces éléments soulèvent des préoccupations sérieuses quant à l’éventualité d’une ouverture d’un front nord à grande échelle, ce qui souligne l’importance de la participation de la Jordanie à ces discussions en raison de sa position géographique au milieu de ces points de tension, alors que l’Égypte s’efforce d’empêcher l’expansion du conflit et que la France joue un rôle central en coordination avec les parties européennes et libanaises en raison de ses liens étroits avec Beyrouth.
Cela survient également alors que le département de la Défense américain a annoncé le mercredi 2 avril son intention de renforcer sa présence militaire au Moyen-Orient, tandis que l’armée américaine continue de mener des frappes aériennes contre les Houthis au Yémen et d’accroître la pression sur l’Iran.
Le timing reflète une prise de conscience internationale importante, notamment de la part de la France, de la nécessité d’utiliser des outils politiques pour faire face à la logique de la force et d’impliquer les principaux États arabes, en particulier l’Égypte, dans les efforts de contenir la crise. Ainsi, la tenue du sommet durant cette période ne représente pas seulement une réponse rapide aux développements, mais un message indiquant que les solutions politiques restent possibles et que la désescalade nécessite un partenariat véritable entre les communautés internationales et régionales.
Messages stratégiques :
Message externe soulignant le rôle central de l’Égypte : Le sommet a révélé l’importance du rôle de l’Égypte dans la région, puisque l’accueil du sommet par Le Caire et la visite de Macron à Al-Arish ont souligné la reconnaissance internationale du rôle fondamental de l’Égypte dans la gestion des crises régionales, en particulier concernant la question palestinienne. Le soutien politique et économique de la France renforce la confiance mondiale dans la capacité de l’Égypte à diriger les efforts de désescalade et à prévenir l’escalade, soulignant qu’aucune solution politique future ne peut se faire sans l’implication du Caire.
Message à Israël : Il a été clairement indiqué lors du sommet que l’idée de déplacer les Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie est totalement rejetée. La visite de Macron à Al-Arish et son éloge de la position égyptienne ont servi de signal politique indiquant que la communauté internationale, en particulier l’Europe, ne soutiendra pas de plans de déplacement forcé.
Message aux États-Unis : Face à un biais américain en faveur d’Israël, le sommet a confirmé l’émergence d’un autre axe rationnel dans la région capable de jouer un rôle indépendant dans l’établissement d’équilibres, alors que Paris cherche à devenir une alternative européenne plus modérée tandis que l’Égypte et la Jordanie s’efforcent de mettre en avant leur statut de partenaires essentiels.
Message adressé à l’Europe : La sécurité régionale commence au Moyen-Orient ; la France cherche à adopter une position européenne garantissant que la stabilité du sud de la Méditerranée influence directement le continent européen (en ce qui concerne l’immigration, l’énergie et la sécurité maritime). Cela est en accord avec la vision de l’Égypte et de la Jordanie selon laquelle la résolution de la question palestinienne n’est pas seulement une demande arabe, mais représente également une garantie pour la sécurité européenne.
Résultats du sommet :
À la fin de la réunion, une déclaration conjointe égypto-jordanienne-française a été publiée, abordant les résultats principaux du sommet qui a réunis les leaders des trois pays. La déclaration stipule ce qui suit :
- Cessez-le-feu à Gaza : Les dirigeants ont appelé à un retour immédiat à un cessez-le-feu pour protéger les civils et faciliter l’accès à l’aide humanitaire d’urgence au secteur.
- Rejet du déplacement des Palestiniens : Ils ont exprimé leur refus irrévocable de toute tentative visant à déplacer les Palestiniens de leurs terres ou à annexionner de nouveaux territoires palestiniens, confirmant l’importance d’arrêter toutes les actions unilatérales qui entravent la réalisation d’une solution à deux États et exacerbent les tensions. Ils ont également souligné la nécessité de respecter le statut historique des lieux saints à Jérusalem.
En signe de soutien de la France à la position de l’Égypte contre le déplacement, le président Macron a visité la ville d’Al-Arish, voisine du passage de Rafah, où il a rencontré des travailleurs humanitaires et sécuritaires, réaffirmant l’opposition de son pays à toute tentative de déplacer les Palestiniens.
- Soutien à la reconstruction de Gaza : Ils ont souligné l’importance d’assister le plan de reconstruction de Gaza approuvé par le sommet arabe et l’Organisation de la coopération islamique, en se concentrant sur la gouvernance et la sécurité sous la supervision de l’Autorité nationale palestinienne, soutenue par des efforts régionaux et internationaux forts.
- Organisation d’une conférence internationale pour la paix : Les dirigeants ont renouvelé leur affirmation sur la nécessité d’unifier ces efforts lors de la conférence prévue en juin 2025, qui sera dirigée par la France et l’Arabie Saoudite pour établir un cadre politique clair pour appliquer la solution à deux États. Les dirigeants ont également exprimé leur soutien à une conférence sur la reconstruction de Gaza qui devrait prochainement se tenir au Caire.
En signe d’intérêt international pour le sommet trilatéral, le président américain Donald Trump a passé un appel téléphonique aux trois dirigeants pendant le sommet, suite à sa rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Washington. Cette interaction directe de Washington, à un moment critique, a reflété une reconnaissance américaine de la gravité de la position arabe-européenne refusant toute solution qui impose un fait accompli aux dépens des droits palestiniens. Cela peut également être perçu comme une reconnaissance implicite du succès du sommet à établir une position politique commune face aux pressions régionales et internationales, signalant que ce qui s’est passé au Caire n’était pas simplement une coordination diplomatique, mais une étape efficace qui a poussé les grandes puissances à réévaluer leurs calculs concernant les voies de règlement à venir.
En conclusion :
Le sommet trilatéral entre l’Égypte, la Jordanie et la France reflète un tournant diplomatique important face à l’aggravation des défis régionaux, en particulier avec la détérioration des conditions à Gaza et les craintes sérieuses de la transformation du conflit en une guerre régionale à grande échelle. Le sommet a eu lieu à un moment très sensible, affirmant qu’il y a un besoin urgent de faire bouger la stagnation politique qui entoure la question palestinienne et de formuler une nouvelle approche basée sur un réalisme politique, la coopération régionale et internationale comme seule voie pour éviter de glisser vers des scénarios encore plus sanglants.
Le sommet a également renforcé la position de l’Égypte en tant qu’acteur régional central dont le rôle ne peut être ignoré dans tout processus de règlement, non seulement en raison de la géopolitique, mais aussi en raison de son expertise historique et de son réseau de relations régionales et internationales. Le sommet a présenté une scène diplomatique reflétant la convergence de la rationalité politique entre les parties cherchant à réduire l’escalade et à ouvrir des fenêtres de solution politique, à un moment où le besoin de sagesse et de responsabilité est plus que jamais crucial. Dès lors, le déroulement post-sommet pourrait constituer un véritable test de la capacité de cette alliance trilatérale à traduire les positions déclarées en initiatives concrètes garantissant la sécurité et la stabilité de la région.

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