Avec la question des immigrants sans papiers étant un enjeu majeur de sa campagne, Donald Trump a promis de lancer l’opération de déportation d’immigrants sans papiers la plus importante de l’histoire des États-Unis. La nouvelle administration Trump se prépare à apporter des changements radicaux en matière d’immigration.
Le Plan de Trump
La stratégie du président nouvellement élu pour traiter l’immigration peut se résumer comme suit :
Nommer des responsables pour mettre en œuvre les plans d’immigration de Trump :
Le président élu a choisi Thomas Homan pour superviser la sécurité des frontières américaines lors de sa seconde administration. Trump a qualifié Homan de « Tsar des frontières » en raison de sa position inflexible sur l’immigration. Cette nomination reflète le sérieux de Trump quant à l’exécution de ses politiques d’immigration strictes. Homan a une vision rigoureuse axée sur la déportation des criminels menaçant la sécurité nationale et plaide fermement pour la séparation des enfants de leurs parents comme moyen de dissuasion contre l’entrée illégale et de lutte contre la traite des êtres humains. Il souligne la nécessité d’augmenter les arrestations pour répondre à la crise de l’immigration aux États-Unis. De plus, Stephen Miller a été nommé comme Chef de cabinet adjoint. C’est une étape significative dans les efforts de Trump pour mettre en œuvre des politiques strictes concernant les immigrants sans papiers, car Miller a été un conseiller senior durant le premier mandat de Trump et était connu pour rédiger des discours clés. Il a joué un rôle crucial dans l’élaboration de nombreuses mesures controversées, notamment des interdictions de voyage pour plusieurs pays majoritairement musulmans et des politiques séparant les enfants migrants non enregistrés de leurs parents. Il a sous-entendu qu’il prendrait des mesures sans précédent pour aborder la crise de l’immigration, comme le déploiement de troupes de la Garde nationale des États républicains vers des États démocrates non conformes, et il a suggéré la création de grands centres de détention. Le choix de Homan et Miller dans sa seconde administration vise à nommer des alliés proches qui soutiennent ses politiques, facilitant ainsi la mise en œuvre des changements qu’il recherche. Durant son premier mandat, la bureaucratie a souvent obstrué ses plans ambitieux, ce qui l’a conduit à sélectionner des responsables qui accéléreraient l’exécution des politiques lors de son second mandat.
L’intention de Trump de déclarer une urgence nationale :
Le président élu prévoit de déclarer une urgence nationale et d’utiliser des ressources militaires comme moyen de faciliter les déportations promises durant sa campagne. Trump a été un fervent supporter des appels à mettre en œuvre une stratégie d’urgence nationale dans le cadre des politiques de déportation massive. Cette action devrait être entreprise immédiatement après son investiture, similaire à son premier mandat lorsqu’il a déclaré une urgence nationale pour utiliser des fonds du Pentagone afin de construire un mur à la frontière avec le Mexique.
Utiliser l’armée américaine pour les opérations de déportation :
Le président élu a affirmé qu’il emploierait l’armée américaine pour les efforts de déportation dès son premier jour en fonction, reconnaissant que le nombre d’immigrants dépasse 11 millions aux États-Unis. Il comprend que les déporter nécessite un nombre considérable de soldats américains pour cette tâche difficile et a promis tout au long de sa campagne de mobiliser la Garde nationale pour aider aux efforts de déportation. Cette mesure représente un changement majeur puisque l’armée ne s’engage généralement pas dans des questions de maintien de l’ordre local.
Activer la Loi sur les ennemis étrangers :
Le président élu cherche à activer la Loi sur les ennemis étrangers pour faciliter la déportation des immigrants sans papiers, permettant au président de détenir et de déporter des non-citoyens en provenance de nations hostiles afin de protéger la sécurité nationale des États-Unis. Cette loi, établie en 1798 par l’ancien président John Adams, est applicable en temps de guerre ou d’invasion et a été invoquée trois fois dans l’histoire des États-Unis, toutes liées à des conflits militaires, la dernière fois en 1942 pendant la Seconde Guerre mondiale pour détenir des immigrants du Japon, d’Allemagne et d’Italie.
Plans pour construire de grands camps de détention :
Le président élu s’est engagé à construire de grands camps, répondant à un obstacle majeur pour l’Immigration et les douanes (ICE) : le manque d’espace adéquat pour détenir davantage d’individus. Cette initiative vise à rationaliser le processus de déportation, parallèlement aux projets d’embauche de milliers d’agents de sécurité aux frontières et de réorientation des dépenses militaires vers la sécurité frontière.
Imposer des droits de douane sur les exportations mexicaines :
Le président élu a menacé d’imposer de lourds droits de douane sur les exportations mexicaines vers les États-Unis si le Mexique ne parvient pas à réduire le flux de migrants et de trafic de drogue vers les États-Unis. Il a également menacé de fermer la frontière américano-mexicaine et a promis de compléter le mur suspendu par Biden, tout en envisageant de rétablir la politique « Rester au Mexique » de son premier mandat, qui exigeait des demandeurs d’asile qu’ils attendent au Mexique pendant que leurs cas étaient traités.
Vise à révoquer les programmes d’asile de Biden :
Cette étape reflète l’intention de Trump de réaffirmer le contrôle des frontières avec les pays d’Amérique latine, alors que les traversées frontalières ont atteint des niveaux records durant les trois premières années du mandat de Biden, après que celui-ci a levé les restrictions imposées durant la pandémie de COVID. Trump prévoit d’abolir les programmes de Biden qui ont contribué à l’augmentation du nombre de réfugiés aux États-Unis.
Légalité des mesures
Les actions que le président élu Trump prévoit de mettre en œuvre à son entrée en fonction pour traiter les immigrants sans papiers sont controversées ; certaines sont conformes à la loi américaine et à la Constitution, tandis que d’autres ne le sont pas. Les points clés incluent :
Légalité de la déclaration d’urgence nationale : L’action proposée de déclarer une urgence nationale pour faciliter les déportations s’aligne avec le pouvoir large accordé par le Congrès aux présidents américains de déclarer des urgences à leur discrétion, leur permettant d’exercer des pouvoirs exceptionnels, y compris la réaffectation de fonds destinés à d’autres projets, comme Trump l’a fait durant son premier mandat.
Dilemme de l’utilisation de l’armée contre des citoyens : L’utilisation de l’armée américaine dans des opérations de déportation est entièrement illégale et entraîne des complications juridiques, car elle détournerait l’armée de sa mission principale. Les forces militaires ne peuvent pas être utilisées contre des civils, même s’ils sont sans papiers ; la Constitution leur garantit ce droit, et des lois spécifiques interdisent l’utilisation des forces militaires contre des citoyens, quel que soit leur statut d’immigration.
Inconstitutionnalité de l’activation de la Loi sur les ennemis étrangers : La volonté du président élu d’activer la Loi sur les ennemis étrangers est jugée inconstitutionnelle, car son application requiert que les États-Unis soient en état de guerre ou d’invasion. Utiliser cette loi sans ces conditions pourrait faire face à des défis juridiques. Cependant, le président élu pourrait tenter de contourner cet obstacle en arguant que l’afflux de migrants constitue une invasion par des réseaux criminels de contrebandiers.
Illégalité de la création de camps de détention pour migrants : Le plan visant à faciliter l’ICE dans la détention des immigrants sans papiers par l’établissement de camps de détention est illégal. Des organisations de défense des droits de l’homme, y compris l’American Civil Liberties Union et le National Immigrant Justice Center, se préparent à mobiliser des ressources pour contester les politiques potentielles que Trump pourrait mettre en œuvre à son entrée à la Maison Blanche.
En conclusion, les plans du président élu Donald Trump pour déporter les immigrants sans papiers représentent une menace directe pour divers secteurs, tels que l’agriculture, la construction, les produits pharmaceutiques et d’autres qui dépendent fortement du travail des immigrants. De plus, ces mesures sont pratiquement difficiles à exécuter et nécessitent un temps considérable ; réaliser des déportations nécessite une main-d’œuvre significative et des procédures légales étendues.