L’économie est la discipline qui étudie la manière dont les ressources sont utilisées pour satisfaire les besoins individuels et sociaux. Le terme vient du grec oikonomia que l’on peut traduire par “les lois de la maison”, ce qui démontre l’ambition inhérente à cette science humaine qui est d’établir des régularités dans les comportements économiques des différents acteurs. L’économie se sépare en deux branches principales :
- la microéconomie : elle part de l’agent individuel pour étudier son comportement sur un marché lorsqu’il consomme ou produit, qu’il soit offreur ou demandeur. Ce type d’approche présuppose la rationalité de l’acteur : elle part du principe qu’il recherche la meilleure solution possible ;
- la macroéconomie : elle part des agents collectifs pour étudier leur comportement à l’intérieur d’une zone géographique. Ce type d’approche raisonne sur des agrégats, c’est-à-dire sur des grandeurs mesurant l’activité de l’ensemble d’une économie (par exemple : le PIB, le niveau de chômage, la consommation des ménages, etc.).
1/ La microéconomie est la branche de l’économie qui étudie les comportements individuels des agents économiques.
A/ L’approche microéconomique s’inscrit dans une perspective qui est principalement celle de l’analyse néoclassique. Le courant néoclassique a beaucoup développé la formalisation et le recours aux mathématiques dans les années 40-50. Ses principaux représentants sont John Hicks et Paul Samuelson.
Dans l’analyse microéconomique néoclassique, le point de vue adopté est celui de l’individualisme méthodologique : les interactions sociales sont analysées à partir du comportement rationnel de ces acteurs, qui sont considérés comme des atomes du système économique, c’est-à-dire des unités décisionnelles autonomes.
Le comportement des agents économiques est postulé comme rationnel : cela signifie qu’ils disposent de capacités cognitives suffisantes pour analyser toute l’information disponible et réaliser un choix optimal pour allouer leurs ressources. Il s’agit d’un simple point de vue permettant d’analyser les comportements, pas de décrire la réalité.
En ce sens, l’individu économique peut être désigné par les termes d’homo oeconomicus, c’est-à-dire que l’homme est décrit à partir de sa volonté de maximiser le profit (pour l’entrepreneur) ou la satisfaction (pour le consommateur) sous contrainte de ressources. Ce point de vue permet de formaliser mathématiquement un arbitrage sous contrainte.
B/ La microéconomie néoclassique se déploie en trois axes principaux :
- l’axe de la demande : à travers la théorie du consommateur qui étudie le comportement des ménages devant effectuer des choix de consommation sous contraintes budgétaires, cet axe permet de déterminer comment se fait l’arbitrage des ménages entre tel ou tel bien ;
- l’axe de l’offre : à travers la théorie du producteur qui étudie le comportement des entrepreneurs qui veulent maximiser leur profit sous contraintes technologiques et budgétaires, il permet de déterminer comment se fait l’arbitrage des entrepreneurs entre les facteurs de production que sont le capital et le travail ;
- l’axe du marché : le marché est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande. Analysé à partir du modèle de la concurrence pure et parfaite, le marché se trouve ensuite plus ou moins perturbé selon le degré de concurrence (monopole, oligopole, etc.).
a/ La théorie du consommateur vise à déterminer comment un individu se décide à répartir son budget. L’individu rationnel est supposé tirer le maximum de satisfaction possible de sa consommation. Mais il agit sous contrainte : celle de son revenu. A partir de là, il va être possible de formaliser son comportement.
Par exemple, on va pouvoir montrer que sa consommation diminue au fur et à mesure qu’il comble ses besoins. Mais comme d’un côté ses besoins sont quasiment illimités et que de l’autre les ressources sont rares, il va devoir tenir compte du coût d’opportunité de sa consommation : en renonçant à s’acheter une voiture haut de gamme par exemple, un consommateur peut se payer un voyage dans les îles. Tout l’enjeu pour l’entreprise qui vend des voitures haut de gamme est alors de convaincre le consommateur qu’il vaut mieux renoncer à la satisfaction de ce voyage pour se procurer le produit qu’elle propose.
Cette analyse du comportement du consommateur permet de faire deux observations sur la demande :
- plus le prix d’un bien est élevé, moins la demande est forte (hormis pour les biens de luxe où un prix élevé permet d’améliorer ses ventes) ;
- plus le revenu est important, plus la demande est forte.
b/ La théorie du producteur est symétrique à celle du consommateur. De même que le consommateur choisit entre deux biens différents pour maximiser son plaisir, le producteur cherche à maximiser son profit en tirant le meilleur parti possible de deux facteurs de production qu’il a sa disposition : le capital et le travail.
Il va cependant devoir faire face à une double contrainte à la fois technologique (c’est-à-dire en lien avec le niveau des techniques) et budgétaire (c’est-à-dire en lien avec le coût des facteurs). Une fois que l’entreprise a déterminé la quantité de production maximisant son profit, elle doit choisir parmi les combinaisons techniquement possibles celle qui permet de produire à moindre coût. Il va ainsi être possible de déterminer quelle est la combinaison capital-travail optimale.
De cette théorie du producteur va découler deux observations sur l’offre :
- l’entreprise va produire la quantité de biens qui va maximiser son profit : par conséquent, plus le prix est élevé, plus l’entreprise va augmenter l’offre ;
- l’offre dépend également des coûts de production : plus ces derniers sont faibles et plus l’entreprise est incitée à produire.
c/ Le marché va être le lieu de la rencontre entre l’offre et la demande. Dans une situation de concurrence pure et parfaite, c’est la loi de l’offre et de la demande qui s’applique, c’est-à-dire que le prix est déterminé par l’équilibre entre ces deux éléments. Dans ce cas, le prix s’impose à l’entreprise, elle est donc price taker, preneuse de prix. En revanche, en situation de monopole l’entreprise décide du prix, elle dispose donc d’un pouvoir de marché : elle est price maker, faiseuse de prix.
Lorsque le marché est en équilibre, il existe ce qu’on appelle un surplus pour le consommateur et pour l’entrepreneur. Le choix du consommateur entre deux biens et le choix de l’entrepreneur entre le capital et le travail sont rendus nécessaires par la situation de rareté des biens. Tout renoncement a un coût d’opportunité. Or l’équilibre du marché est ce qui va permettre au consommateur et au producteur d’acheter au juste prix, c’est-à-dire à un prix tel que l’un et l’autre ont intérêt à l’échange, c’est-à-dire en retirent un avantage net. Lorsque l’échange se fait au point d’équilibre, le coût d’opportunité est le plus bas possible pour le consommateur et l’entrepreneur.
2/ La macroéconomie étudie les comportements collectifs à l’échelle d’un secteur d’activité, d’un pays ou d’une région du globe.
A/ L’approche macroéconomique vise à étudier le niveau de l’activité économique d’un point de vue global (macro signifie grand en grec, micro petit). Elle doit beaucoup aux travaux de Keynes.
La macroéconomie se concentre sur les agrégats, c’est-à-dire des quantités globales relativement homogènes telles que le revenu national, le niveau des prix, la consommation des ménages, l’investissement des firmes, les dépenses et les recettes publiques ou les échanges extérieurs. Elle permet de comprendre le comportement économique d’unités de bases (celles de la comptabilité nationale) : les ménages, les entreprises, les administrations (cf. Les secteurs institutionnels et leurs opérations). Il s’agit donc d’un moyen d’appréhender de manière globale l’ensemble des acteurs d’une économie nationale ou d’un ensemble de nations.
a/ Pour certains économistes, il existe une continuité entre la macroéconomie et la microéconomie : c’est la théorie du bridge (pont en anglais). C’est le cas notamment des libéraux qui considèrent que l’intérêt global peut se déduire de la somme des intérêts individuels. Selon Adam Smith, par exemple, le bien-être global de la société découle du libre jeu des intérêts individuels. Le système économique s’équilibre de lui-même.
b/ Cependant d’autres économistes considèrent qu’il n’y a pas de ponts entre les deux : c’est la théorie du no bridge. C’est le cas notamment des sociaux-démocrates et des keynésiens. Selon Keynes, par exemple, il existe “un gouffre” entre les comportements individuels et les comportements collectifs : le système économique ne s’équilibre pas de lui-même. Cela fonde donc la pertinence de l’intervention de l’acteur étatique dans l’économie.
B/ La macroéconomie étudie quatre phénomènes principaux :
- le chômage,
- l’inflation,
- la croissance,
- les politiques macroéconomiques.
a/ Le Bureau International du Travail (BIT) considère comme chômeur toute personne qui satisfait les trois critères suivants (principe mnémotechnique : D-SE-R) :
- être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours (D) ;
- être sans emploi : c’est-à-dire ne pas avoir travailler – ne serait-ce qu’une heure – au cours de la semaine de l’enquête (SE) ;
- être en recherche active d’emploi depuis le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans les trois mois suivant (R).
Cette définition internationalement reconnue permet de faire des comparaisons. Cependant une autre mesure du chômage est disponible en France, il s’agit des DEFM (Demandes d’Emploi en Fin de Mois). Les chiffres des DEFM sont publiés par Pôle emploi : la principale différence avec la définition du BIT est que tout individu ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois est considéré comme chômeur.
Au-delà de ces définitions, la question essentielle à propos du chômage est de déterminer s’il est ou non volontaire :
- le chômage volontaire désigne l’ensemble des agents qui ont choisi de ne pas travailler ;
- le chômage involontaire renvoie à tous les individus qui n’ont pas trouvé à s’employer au salaire courant (c’est-à-dire au salaire touché par ceux qui ont un emploi).
Cette distinction est importante car elle conditionne les politiques économiques à mettre en œuvre pour résorber les formes particulières d’inactivité économique.
b/ L’inflation est une hausse du niveau général des prix.
Au sens strict, un phénomène d’inflation est constaté dès qu’apparaît une augmentation des prix, aussi faible et courte soit-elle. Cependant pour les économistes, l’idée d’inflation est associée à une hausse des prix relativement importante et cumulative, dont l’appréciation est assez subjective.
L’inflation est mesurée au moyen de l’indice des prix à la consommation (IPC). Cet indice synthétique décrit l’évolution du prix moyen des biens et des services proposés aux consommateurs sur l’ensemble du territoire national (à l’exclusion de quelques uns). Pour rendre compte de l’importance de chaque composante dans le résultat total de l’indice, elles sont pondérées en fonction de leur part représentative dans la consommation des ménages.
Le taux d’inflation que permet de mesurer cet indice des prix désigne la variation de l’indice des prix d’une année sur l’autre. Il existe également d’autres mouvements du niveau général des prix :
- la désinflation correspond à une réduction du rythme d’augmentation des prix ;
- la déflation correspond à une baisse du niveau général des prix lors des périodes de crise.
c/ La croissance économique désigne l’augmentation du volume des biens et services produits et échangés au cours d’une année dans un pays ou un groupe de pays.
La croissance de la production annuelle brute est un objectif fondamental pour un Etat car elle permet d’une part, d’obtenir une augmentation du niveau de vie par tête lorsque la croissance de la production est supérieure à la croissance de la population, et d’autre part, de créer des emplois.
Cette croissance se mesure au moyen du Produit Intérieur Brut (PIB). Le PIB se calcule en cumulant la valeur de tous les biens et services produits à l’intérieur du pays et destiné à un usage final (consommation, investissement, exportations nettes des importations). Cela signifie qu’on raisonne en termes de valeur ajoutée (on ne tient pas compte des consommations intermédiaires, c’est-à-dire détruites ou transformées par les producteurs dans le processus de production).
Pour pouvoir effectuer des comparaisons significatives, le PIB nominal (avant ajustement) est corrigé par l’inflation, ce qui permet d’avoir une idée plus exacte de la production annuelle d’une économie : il alors appelé le PIB réel. Pour trouver le PIB réel, il suffit de diviser le PIB nominal par le niveau des prix.
Le PIB peut être :
- croissant : on parle alors de boom économique (cf. la Chine actuellement) ;
- décroissant : on parle alors de récession économique, il doit être décroissant pendant au moins deux trimestres consécutifs (cf. l’Irlande, l’Espagne). En cas de récession sévère, on parle alors de dépressions (cf. la Grande Dépression de 1929).
Ces fluctuations de l’activité économique ont conduit les économistes à parler de cycles économiques. Un cycle se compose d’une phase générale d’expansion suivie d’une phase générale de récession, puis d’une phase de reprise qui ouvre un nouveau cycle. Dans la réalité, la régularité du cycle reste néanmoins difficile à prévoir : même si l’on constate dans l’économie des phases de récessions de manière récurrente, il est impossible de déterminer en probabilité la survenue de ces phases.
d/ Les politiques macroéconomiques renvoient aux façons dont l’Etat peut intervenir pour infléchir la conjoncture (évolution du chômage, de la production, du niveau des prix). Il dispose pour cela de deux instruments :
- la politique budgétaire : elle désigne les recettes (impôts et taxes) et les dépenses (salaires, équipements, subventions) qu’il verse ;
- la politique monétaire : elle renvoie au contrôle de la masse de monnaie en circulation.
L’opinion des économistes sur l’efficacité de ces politiques divergent. Pour simplifier, on peut distinguer deux courants : les interventionnistes (dirigistes) et les non-interventionnistes (non-dirigistes).
Les interventionnistes se réfèrent à Keynes, ils sont favorables à l’intervention de l’Etat. Ils estiment que les marchés s’équilibrent de manière trop lente, ce qui doit entraîner une compensation par la mise en place de politiques publiques en vue d’aider l’économie à retrouver un niveau de plein-emploi.
Les non-interventionnistes sont partisans d’une intervention minimale de l’Etat, ils se réfèrent aux courants néo-classiques, libéraux ou néo-libéraux. Ils font confiance davantage au marché qu’à l’Etat dans la mesure où ils estiment que l’économie peut s’ajuster rapidement et efficacement aux perturbations du moment que les marchés fonctionnent bien.
Sur un plan macroéconomique, il faut retenir que les approches macroéconomiques néo-classiques propres aux monétaristes condamnent les politiques macroéconomiques actives, tandis que les approches keynésiennes légitiment ces politiques et en spécifient le contenu.