Cette étude retrace la transition de la diplomatie des formes traditionnelles vers des formats numériques dans un âge numérique et un espace virtuel en réseau, en appliquant des modèles de communication à la diplomatie numérique. Le document met également en lumière les impacts de plateformes comme Facebook et Twitter sur les structures des relations internationales, révélant les particularités et les défis de ce nouveau type de diplomatie, ainsi que le dilemme entre les contraintes des dispositifs comme les iPads et l’utilisation habituelle de crédentiels.
Introduction
Le monde a été témoin de changements significatifs au cours de la dernière décennie du XXe siècle qui ont affecté la structure et le schéma des relations internationales à divers niveaux politiques, économiques et culturels. Ces changements ont laissé des marques notables et ont nécessité de nouvelles approches pour traiter des phénomènes auparavant inexistants. L’avancement technologique et l’émergence des médias sociaux ont eu un impact profond sur le nouveau paysage des relations internationales, influençant la diplomatie comme un outil d’implémentation de la politique étrangère visant à réaliser des intérêts nationaux.
La révolution des médias numériques et l’émergence du cyberespace ont produit des plateformes numériques devenues un système nerveux sur lequel repose la communauté internationale, permettant à la fois aux acteurs officiels et non officiels d’interagir. Ces changements horizontaux ont nécessité des modifications verticales dans l’interaction entre les sociétés politiques et civiles, consolidant l’importance de ces nouveaux médias parmi de nombreux décideurs dans la formulation des politiques, donnant finalement naissance à la diplomatie numérique.
Les tensions géopolitiques entre divers acteurs sur la scène internationale visent à construire des domaines vitaux et des sphères d’influence. Le mécanisme de la diplomatie numérique est devenu un moyen de promouvoir des visions et d’affaiblir les approches conflictuelles des États, incitant les pays à encourager leurs intérêts diplomatiques à utiliser les médias sociaux comme composante centrale de leurs activités, le considérant comme un outil positif pour renforcer leurs intérêts.
Mesures Méthodologiques de l’Étude
A. Problématique de la Recherche
L’étude tente d’explorer les facteurs qui déplacent les centres de gravité dans la pratique diplomatique des ambassades vers les plateformes numériques et l’érosion du monopole des diplomates sur l’information à la lumière des avancées technologiques et de la transparence des données fondées sur la numérisation et les médias sociaux. Elle cherche à répondre à une question cruciale sur l’évolution de la diplomatie : pourquoi passer à la diplomatie numérique ? Quels impacts ces médias ont-ils sur les relations internationales ?
B. Importance de la Recherche
L’étude distingue deux types d’objectifs :
Objectifs Pratiques
- Étudier l’importance des médias sociaux dans l’interaction des diplomates et leur utilisation pour influencer les politiques étatiques.
- Comprendre le rôle de la numérisation dans la formulation de la politique étrangère selon le pouvoir intelligent.
- Mettre en évidence l’importance d’ouvrir de nouveaux ateliers liés à la diplomatie numérique et d’alerter les décideurs politiques sur la signification d’utiliser les médias sociaux à l’ère numérique.
Objectifs Scientifiques
- Fournir des contributions cumulatives au domaine de la recherche scientifique à travers les résultats et améliorations de l’étude.
- Enrichir la bibliothèque arabe, face à la rareté des études dans ce domaine en arabe.
C. Méthodologie de l’Étude
L’étude utilise des méthodologies comparatives et descriptives-analytiques pour répondre à la question critique sur les raisons et motivations entourant le passage à la diplomatie numérique et le contexte de cette transformation. Un cadre conceptuel a été établi pour former la référence analytique à partir du phénomène étudié, en examinant les limites de ces concepts et leurs interrelations, tels que : la diplomatie traditionnelle, la diplomatie numérique, l’évolution technologique et les plateformes de communication.
L’étude ne se concentre pas sur l’analyse du phénomène et de ses dimensions dans une zone géographique spécifique, mais examine plutôt les pays qui utilisent de manière intensive cette forme de diplomatie numérique.
Diplomatie Traditionnelle : Contexte Historique et Nécessité d’une Transition Numérique
1.2. Diplomatie Traditionnelle et Préoccupations pour la Stabilité Internationale
Le terme diplomatie est dérivé du mot latin “Diploma”, qui désigne un document plié pour cacher des secrets. Ainsi, la diplomatie en est venue à signifier l’acte de dissimuler de tels secrets. Dans son sens traditionnel, elle incarne les négociations visant à résoudre des conflits et à gérer les relations internationales par des moyens pacifiques. Le diplomate britannique Harold Nicholson définit la diplomatie comme la gestion des relations internationales par la négociation, ou la manière dont ces relations sont modifiées par les ambassadeurs et les envoyés.
La diplomatie traditionnelle a été activement pratiquée en temps de paix et de guerre, s’efforçant de concilier les points de vue entre États et de trouver des solutions appropriées. Par conséquent, la diplomatie sert de moyen et d’outil de négociation, un art de traiter les questions bilatérales et internationales, visant à persuader certaines parties de se retrouver autour de la table des négociations en utilisant le dialogue et la raison plutôt que la guerre.
La diplomatie traditionnelle a permis de nombreux aspects positifs pour la communauté internationale en contournant conflits et guerres et facilitant les échanges commerciaux. Ces nobles tâches de la diplomatie étaient assumées par des représentants diplomatiques, encadrés par des ambassades et des consulats à travers divers bureaux, fournissant des rapports que les décideurs utilisent pour développer les politiques étrangères souhaitées. Ces rapports peuvent renforcer les relations par moments tout en suggérant une réévaluation des déséquilibres qui pourraient entraîner une rupture des relations.
Aujourd’hui, la diplomatie n’est plus utilisée uniquement pour gérer des relations bilatérales, mais est une plateforme de dialogue sur de nouvelles questions telles que le changement climatique, la migration illégale et le terrorisme international, permettant des concessions et des accords qui servent l’intérêt public. Historiquement, les diplomates étaient stéréotypés comme des personnes en tenue élégante détenant des informations hautement confidentielles, considérés comme des messagers représentant les intérêts de leur État. Ainsi, la diplomatie est devenue un espace à la fois formel et secret plutôt que public et élargi.
Les responsabilités des diplomates par le passé étaient significatives, leur arrivée dans des pays désignés exigeant une adaptation difficile et une prise de décision efficace sans consultation immédiate de leur gouvernement, leur offrant de larges marges de manœuvre et représentant des sources de données authentiques, nécessitant une intelligence pour promouvoir les intérêts de leur pays et fournir aux gouvernements centraux des informations difficiles à obtenir. Les pays sont devenus convaincus que leur pouvoir sur la scène internationale était soutenu par le nombre d’ambassades dispersées, un concept également repris par les organisations internationales.
2.2. Diplomatie Traditionnelle et Nécessité de Changer Son Concept
Avec l’effondrement de l’Union soviétique et l’essor de la mondialisation et des avancées technologiques, des changements ont commencé à émerger dans les mécanismes des relations internationales, y compris la diplomatie traditionnelle. Au fil des ans, la diplomatie a pris diverses significations et a changé son essence. Initialement, on s’attendait à ce que les diplomates approchent la politique étrangère comme un domaine spécialisé réservé aux experts ; cependant, les avancées en communication ont déplacé son sens du secret vers l’ouverture, avec le niveau opérationnel des diplomates diminuant pour céder la place à une diplomatie de sommet, menant vers une diplomatie publique puis numérique.
La politique étrangère aujourd’hui n’est plus uniquement dictée par les élites politiques, mais est reçue librement par les citoyens à travers divers canaux — qui sont devenus des sources de données et d’inspiration dans l’élaboration des politiques. L’image de l’enfant syrien noyé “Aylan”, échoué sur les rives de la Méditerranée, largement diffusée par de nombreux médias, sert d’exemple frappant de l’échec de la dimension humanitaire dans les relations internationales.
Historiquement, la prise de décision était dominée par des élites au pouvoir. Aujourd’hui, il existe un système mondial de formation de l’opinion publique qui est difficile à contrôler par des moyens traditionnels. Il contribue à façonner les identités et à commercialiser les images des États à l’étranger. Le travail étranger de l’État a changé d’une relation centrée sur l’élite vers un modèle de communication dicté par les technologies de communication, qui ont restreint la liberté d’action des diplomates. La diplomatie est maintenant appelée à intégrer des outils numériques non seulement pour diffuser des messages, mais elle est devenue nécessaire pour s’engager pleinement dans le domaine numérique au sein de réseaux interactifs.
3.2. Diplomatie Publique, Érosion du Pouvoir et Déplacement des Centres de Pouvoir
L’évolution des relations internationales et l’émergence d’acteurs non étatiques sur la scène mondiale ont poussé les pays à adopter la diplomatie publique, qui est devenue un élément fondamental du pouvoir doux dans la construction de la stature d’une nation et la projection de ses valeurs, suscitant de l’intérêt dans les cercles académiques et politiques officiels. Ce type de diplomatie a été défini par le diplomate américain à la retraite Edmund Gullion en 1965.
La diplomatie publique est composée d’un ensemble complexe d’activités auxquelles les États participent pour gérer leurs relations internationales et formuler des politiques pour atteindre leurs intérêts, partageant des similitudes avec d’autres termes décrivant des stratégies similaires. Son concept a été obscurci par l’ambiguïté et la mécompréhension. Les États utilisent la diplomatie publique pour mobiliser les citoyens d’autres nations afin d’atteindre leurs objectifs stratégiques par le biais d’échanges culturels, de programmes éducatifs et de diffusion internationale.
Stanley Hoffman définit la diplomatie publique comme les moyens par lesquels les gouvernements, les groupes et les individus influencent directement ou indirectement l’opinion publique, ce qui, à son tour, affecte les décisions de politique étrangère des États. Eytan Gilboa la considère comme une approche où les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux utilisent les médias et d’autres canaux de communication pour influencer l’opinion publique dans d’autres sociétés. Les praticiens de la diplomatie publique 2.0 peuvent maintenant communiquer directement avec les citoyens d’autres nations à grande échelle, écoutant leurs points de vue et les engageant dans des conversations directes pour établir des relations.
La diplomatie publique s’étend aux dimensions des relations internationales qui dépassent la diplomatie traditionnelle, telles que les gouvernements créant des opinions publiques dirigées vers d’autres nations et les interactions entre des groupes et des intérêts spécifiques dans un pays concernant des gouvernements étrangers à travers leurs citoyens via des canaux médiatiques. Luis Tomás Melgar définit la diplomatie publique comme un ensemble de stratégies visant à présenter l’image d’une nation à l’opinion publique internationale.
Ce type de diplomatie a permis à de nouveaux acteurs d’entrer dans les discussions sur les relations internationales concernant des problèmes que les États traditionnels ne peuvent plus couvrir par la force militaire. De plus, les décideurs étrangers ne sont plus les seuls architectes de la politique étrangère ; les individus et les organisations interviennent directement dans la formation des politiques internationales, créant des stratégies qui affectent les politiques publiques précédemment monopolisées par l’État et ses institutions. Les réseaux informels ont réduit le monopole de la bureaucratie traditionnelle, érodant le contrôle gouvernemental sur les stratégies et les processus de communication.
La diplomatie publique 2.0 a rendu les réseaux sociaux et les médias des outils vitaux pour répondre aux changements dans un environnement international complexe, déplaçant les centres de pouvoir des ministères des affaires étrangères vers d’autres acteurs non traditionnels jouant un rôle de premier plan dans la formation des stratégies de communication mondiales via l’opinion publique, renforçant le dialogue et limitant le contrôle étatique sur la diffusion de l’information et son accessibilité.
Si la diplomatie publique représente la communication avec des populations étrangères et la création d’environnements positifs pour l’acceptation, tandis que les gouvernements parrainent l’opinion publique dans d’autres pays pour atteindre des objectifs de politique étrangère, la diplomatie publique a-t-elle ouvert la voie à une transition vers la diplomatie numérique ?
Diplomatie Numérique : Réalité et Approches Théoriques
1.3. Diplomatie Numérique : Avancées Technologiques et Concept de Pouvoir Doux
La révolution industrielle du XIXe siècle a laissé des marques significatives sur les pratiques diplomatiques, avec les ships à vapeur et les chemins de fer accélérant les déplacements des diplomates. Les développements marquants des années 1920 et 1930, y compris l’utilisation généralisée de la radio et la révolution bolchevique de 1917, ainsi que la montée du nazisme, marquent des jalons historiques importants dans la diplomatie. Les méthodes de diffusion utilisées tant par les Bolcheviks que par les nazis ont contribué à communiquer avec les populations des nations voisines, obtenant l’acceptation de leurs politiques étrangères expansives.
Les avancées technologiques après la Seconde Guerre mondiale et le traitement électronique des données ont permis à la communauté internationale de vivre une mondialisation dans la réception et le transfert d’informations dans des délais très courts qui nécessitaient auparavant des semaines ou des mois. Après la Guerre froide, Joseph Nye a inventé le terme « pouvoir doux » pour désigner un nouvel ensemble d’éléments influençant le pouvoir des États, basé non pas sur la coercition militaire, mais sur des idées créant prestige et attrait pour d’autres nations à travers la séduction. Cela est amplifié par l’utilisation des technologies modernes et des médias sociaux.
L’aventure de la diplomatie numérique a émergé comme un jeu tridimensionnel au sein de l’espace virtuel, considéré comme une vie secondaire empruntée par certains pays établissant des ambassades au sein de ce qui était appelé “l’île de la diplomatie”, créée par l’initiative DiploFoundation, qui se spécialise dans la préparation des futurs diplomates dans le cadre d’un projet de diplomatie virtuelle.
Des études ont également montré que les stages embryonnaires de la diplomatie numérique remontent au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, où la société civile internationale a échangé de nombreux courriels concernant les dangers environnementaux menaçant la planète. En 2008, Internet était responsable de plus de 80 % des jeunes rejoignant des organisations jihadistes, en particulier al-Qaïda. Certains diplomates croient même que ses racines peuvent être retracées jusqu’au Printemps arabe en 2011, lorsque des activistes ont utilisé les médias sociaux pour diffuser des images en direct de leurs affrontements avec le régime et ses institutions de sécurité et militaires. Ces plateformes ont commencé à être sérieusement considérées et reconnues pour leur influence. Un jalon marquant, qui a sidéré tout le monde, a été les révélations de WikiLeaks en 2010, publiant 250 000 câbles diplomatiques.
Actuellement, il semblerait qu’il n’y ait pas d’accord sur une définition unifiée de la diplomatie numérique ; comme tout nouveau terme dans les sciences humaines, chaque définition repose sur son contexte et les multiples approches adoptées par les chercheurs, qui se concentrent sur différents angles tels que la cybersécurité, les médias sociaux ou la gouvernance de l’Internet. Cette tendance est soutenue par des experts référant à cela avec divers termes, conduisant à de multiples étiquettes basées sur la nature des activités se produisant dans le cyberespace, telles que « Net-Diplomacy », « Cyber-Diplomacy », « E-Diplomacy », et « Twiplomacy ». Pourtant, malgré la proximité relative de ces termes, chacun désigne un domaine plus précis du sujet et devrait être employé dans le contexte approprié.
Le terme « Cyber » est généralement utilisé dans les questions de sécurité ; « E » concerne les questions économiques et commerciales, tandis que « Twi » se réfère généralement à Twitter, désignant la diplomatie via cette plateforme. Cependant, le terme le plus couramment adopté est Diplomatie Numérique, faisant référence à l’utilisation de sites de réseaux sociaux numériques pour interagir avec le public.
La diplomatie numérique utilise Internet et les technologies de communication modernes pour communiquer avec des audiences externes afin de créer un environnement propice à la politique étrangère, facilitant les interactions avec les “communautés Internet”, positionnées comme une force politique croissante dans le processus d’élaboration de la politique étrangère au sein de leurs nations. La DiploFoundation définit la diplomatie numérique comme de nouvelles méthodes et techniques pour pratiquer la diplomatie avec l’aide d’Internet, expliquant son influence sur les pratiques diplomatiques contemporaines et utilisant la technologie comme un mécanisme pour améliorer les relations diplomatiques. L’expert en diplomatie numérique, Andreas Sandre, la considère comme un espace où la technologie rencontre la tradition, composée de nœuds et de liens qui font partie de réseaux transcendant la surveillance gouvernementale, permettant à tous les acteurs d’interagir au sein de ceux-ci. Cela incarne plus qu’une pratique ; cela reflète un esprit dérivé de pratiques et de valeurs culturelles associées à la technologie elle-même.
Les plateformes de médias sociaux, comme Twitter, sont devenues des outils cruciaux dans l’amélioration de la diplomatie publique, comme le montre une étude menée par la société mondiale de communications stratégiques et de relations publiques Burson-Marsteller indiquant que l’utilisation de Twitter par les gouvernements leur a permis d’atteindre des audiences plus larges. À partir des définitions antérieures, on peut en déduire que cette variable technologique est devenue un facteur indépendant dans l’équation de la diplomatie numérique, facilitant de larges avenues pour l’efficacité et l’influence.
2.3. Diplomatie Numérique à Travers les Médias et Approches de Communication
Étant donné la nouveauté du sujet et ses références scientifiques rares, la littérature sur la diplomatie numérique indique deux théories différentes. Certains chercheurs affirment que la numérisation a amélioré la diplomatie publique, tandis que d’autres soutiennent qu’elle l’a complètement transformée en quelque chose de complètement distinct de sa forme traditionnelle — à savoir, la diplomatie numérique.
L’engagement des ministères des affaires étrangères et des missions diplomatiques avec les médias sociaux a suscité un intérêt académique, offrant à ces missions une opportunité sans précédent de communiquer directement avec des audiences étrangères sur divers sujets. De nouveaux phénomènes sont apparus, et des bourses ont été introduites pour la recherche dans ce domaine naissant. Les missions diplomatiques américaines à l’étranger se sont tournées vers les réseaux sociaux pour renforcer leur image et influencer l’opinion publique internationale, établissant un “engagement bilatéral” avec des populations étrangères basé sur des théories de relations publiques et de marketing, les quatre modèles de James Grunig représentant ces théories de manière prépondérante.
Grunig postule que le comportement des relations publiques possède deux dimensions indépendantes : la communication à sens unique par rapport à la communication bidirectionnelle, et des modèles symétriques par rapport aux modèles asymétriques, conduisant à l’émergence de quatre modèles qui relient ces dimensions :
- Modèle d’Agitation/Publicité : Un modèle de communication unidirectionnel et asymétrique, où des professionnels des agences de presse connus sous le nom de « flacks » défendent leur institution selon la logique du « la fin justifie les moyens ». L’information circule dans un sens, du fournisseur (gouvernement ou institution) au destinataire, le public, à des fins de publicité.
- Modèle d’Information Publique : Émergeant au début du XXe siècle comme un modèle unidirectionnel et symétrique, censé présenter des informations précises sur les institutions des clients. Grunig l’a ensuite redéfini comme asymétrique, observant des praticiens manipulant des publics bien que cela ne soit pas leur intention. Ce modèle promeut et fait de la publicité, restant unidirectionnel des fournisseurs aux destinataires.
- Modèle Bidirectionnel Asymétrique : Raconté dans le travail du Comité sur l’information publique dirigé par George Creel pendant la Première Guerre mondiale, amélioré par les théories d’Edward Bernays sur les sciences sociales croyant en la création d’opinion publique à des fins néfastes. Il implique des organisations décidant puis vendant ces choix aux publics comme un modèle à connotation négative pour une diplomatie de qualité.
- Modèle Bidirectionnel Symétrique : Considéré comme le plus éthique parmi tous les modèles, il repose sur des experts en relations publiques, surtout ceux produits dans les années 1950 et au-delà par des spécialistes de l’éducation. Ce modèle vise à favoriser le dialogue, utilisant des données recueillies pour changer les pratiques organisationnelles et travailler à équilibrer les intérêts par le biais de concessions mutuelles ancrées dans la négociation et la résolution des conflits.
La différence fondamentale entre les modèles de communication bidirectionnels symétriques et asymétriques réside dans le désir de changement personnel et d’adaptation autocalibrée lorsque cela est nécessaire pour un bénéfice mutuel, contre la conviction de l’audience à modifier ses points de vue en faveur de l’orateur. Grunig croit que le modèle de communication bidirectionnel symétrique illustre une approche normative et éthique de l’efficacité organisationnelle en relations publiques. Les activités de diplomatie numérique peuvent être classées sous ce modèle bidirectionnel et symétrique, facilitant l’interaction entre les citoyens et les décideurs de politique étrangère internationale.
Les universitaires ont initialement cherché à déterminer les avantages des réseaux sociaux pour “gagner les cœurs et les esprits”, mais expriment maintenant des inquiétudes quant à savoir si ces plateformes sont utilisées pour engager des individus d’autres pays dans une “communication bidirectionnelle” comme méthode pour diriger l’opinion publique favorablement. Ici, la diplomatie numérique s’efforce de se connecter avec des masses étrangères via des médias numériques pour construire une opinion publique externe servant les intérêts de l’État et la protégeant.
La DiploFoundation reste une source principale de discussions autour de la diplomatie numérique. Andreas Sandre a compilé un certain nombre de tweets d’officiels gouvernementaux comme preuve de l’impact de la diplomatie numérique sur leur travail. Dans un effort pour évaluer les effets de la diplomatie sur les relations internationales, la plateforme “Twiplomacy” a réalisé de nombreuses études de cas, concluant que la diplomatie numérique est nouvelle et difficile à mesurer pour des effets à long terme, avec de nombreuses lacunes encore inexplorées.
De nombreux chercheurs ont inféré que la diplomatie n’est plus le domaine exclusif d’une élite spécifique et que les médias sociaux ont donné le pouvoir aux citoyens de demander de la transparence, réduisant les écarts de dialogue avec les autorités. Rodríguez Gómez la considère comme un nouveau modèle diplomatique qui nécessite la restructuration des formes et des systèmes, ainsi que la formation du personnel pour s’adapter à ce nouvel environnement.
3.3. Diplomatie Numérique et Utilisation du Cyberespace
- Web : Représente le portail significatif par lequel les ministères des affaires étrangères présentent leurs structures et activités quotidiennes, servant d’outil pour des communications formelles et constantes, continuellement mises à jour pour permettre aux canaux de communication d’interagir avec le plus grand nombre possible de citoyens. Les États-Unis ont adopté une stratégie en ligne duale, établissant deux pages : “State.gov” pour le public américain, et “America.gov” conçue pour l’interaction avec les étrangers, sur laquelle le gouvernement base sa politique étrangère, promouvant des valeurs qui définissent l’identité des États-Unis envers le monde.
- Blogs : Sites permettant aux utilisateurs de les mettre à jour facilement, incitant les lecteurs à commenter des articles et à conserver des textes et des réponses, devenant souvent le principal moyen de communication au sein des communautés. La plupart des institutions ont ajouté des blogs pour renforcer leur présence sur diverses plateformes, montrant leurs activités et présentant leurs membres. La simplicité technique a permis des applications diverses pour la diplomatie publique.
Le gouvernement japonais a utilisé des blogs dirigés vers des publics spécifiques, tels que des enfants, avec le ministère des affaires étrangères hébergeant un blog mettant en avant des jeux électroniques, instillant une interaction avec les profils pour éveiller leur curiosité sur l’importance du Japon en Asie et mondialement, les familiarisant avec sa culture. Le ministère des affaires étrangères du Royaume-Uni a développé son blog pour mélanger les opinions citoyennes avec les impressions personnelles des diplomates, culminant en conclusions complètes.
- Wikis : Pages contenant des textes modifiables par tout utilisateur, quelle que soit son identité, avec une histoire capturant les changements, permettant un retour à des informations antérieures sans problème pour éviter que d’autres ne suppriment du contenu potentiellement significatif. Le Département d’État américain a commencé à utiliser ce programme en 2006 pour créer une encyclopédie diplomatique intitulée “Diplopedia” dans son intranet interne, engageant plus de 1 000 employés, soit du Département d’État lui-même, soit des missions qui peuvent communiquer via l’intranet, avec la page “Diplopedia” mise à disposition pour diverses entités d’intelligence aux États-Unis et d’autres organisations concernées par la sécurité nationale.
- Facebook : L’une des plateformes de médias les plus utilisées dans le monde, généralement pour créer des réseaux sociaux personnels et pour communiquer avec des amis sans limites géographiques. Le personnel diplomatique établit souvent des comptes personnels servant de canaux de communication directs avec des citoyens vivant en dehors de leurs pays d’origine, permettant aux fonctionnaires d’élargir leurs réseaux personnels et professionnels. La page d’un ministre des affaires étrangères peut comprendre plus de 4 000 amis, où les abonnés peuvent passer en revue ses dernières activités et partager des images et des commentaires, accordant aux utilisateurs un aperçu plus approfondi de ses inclinations politiques sur la scène internationale.
L’importance des plateformes de médias sociaux s’est imposée dans les domaines diplomatiques, conduisant plusieurs services étrangers à créer des pages officielles sur Facebook. Leur simplicité et leur diversité offrent à ces pages de remplacer fréquemment les sites officiels.
- Twitter : Un service de microblogging établi en 2006 par Jack Dorsey. En 2020, le nombre d’utilisateurs inscrits sur Twitter était estimé à environ 314,9 millions, avec environ 290,5 millions d’utilisateurs actifs mensuels cette année-là, projeté pour atteindre 340 millions d’ici 2024, générant environ 290,5 millions d’interactions quotidiennes et plus de 1,6 million de demandes de recherche quotidiennes. Twitter permet aux utilisateurs d’envoyer de courts messages avec des limites de caractères allant jusqu’à 280 par tweet affiché sur leur timeline, permettant de s’abonner aux tweets d’autres utilisateurs, un processus appelé suivi.
Le Département d’État américain a été le premier à utiliser Twitter pour le microblogging via des comptes officiels afin de tenir les utilisateurs informés des actions du secrétaire d’État. Philip Seib soutient que Twitter sert d’outil diplomatique résonnant avec le nouvel empowerment politique associé aux réseaux sociaux, renforçant les connexions au sein de la communauté mondiale.
Depuis 2006, l’ancienne secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice a commenté les nouvelles technologies, les reconnaissant comme des moyens efficaces de communiquer avec des millions de nouvelles personnes à travers le monde. Rice a rejoint Twitter en octobre 2007, dépassant 5 millions d’abonnés en septembre 2019, maintenant plus de 800 comptes sur diverses plateformes médiatiques à travers le monde, comme Facebook, YouTube, Instagram, Flickr, et Pinterest. Répondant aux appels des experts afin que les décideurs américains exploitent ces plateformes en tant qu’outils pour exercer le pouvoir doux après que la précédente approche stratégique de lutte contre le terrorisme sous l’ancien président George W. Bush ait endommagé l’image symbolique et éthique de l’Amérique à l’échelle mondiale, car gagner les cœurs et les esprits pourrait être réalisé à travers des messages médiatiques substantiels et percutants.
- Autres Réseaux Sociaux : Des plateformes moins connues peuvent inclure Orkut au Brésil, Hi5 au Mexique, Qzone en Chine, et VKontakte en Russie. Toutes ces plateformes sont utilisées par les ambassades et les consulats comme véhicules de transmission de messages et de façonnage d’acceptation tout en permettant l’autonomisation politique, économique et culturelle.
Diplomatie Twitter et Nouveaux Sujets dans les Relations Internationales
1.4. L’Âge Numérique : Raccourcir les Distances et le Flux d’Information
Lorsque le Premier ministre britannique Lord Palmerston a reçu le premier message télégraphique en 1860, il s’est exclamé : « Oh mon Dieu, c’est la fin de la diplomatie ! » Cette exclamation a signifié un nouveau développement qui a profondément changé le paysage diplomatique traditionnel. Les deux dernières décennies ont été témoins d’une réelle transformation scientifique modifiant les schémas des relations et des interactions. De plus, les développements en communication ont modifié le concept de frontières, rapprochant les distances et établissant la notion de village mondial. Ce domaine virtuel a considérablement renforcé les citoyens, leur accordant un pouvoir substantiel.
Internet a établi des communautés virtuelles transnationales, ouvrant des voies à des millions de participants non contraints par le genre, le statut social ou l’affiliation religieuse. Les individus sont devenus des sujets des relations internationales en raison de leur influence sur des cercles tant proches que distants, en particulier ceux qui façonnent l’opinion publique nationale et internationale, devenant des cibles de la diplomatie et des agents actifs au sein de celle-ci. Lev Grossman a décrit ce phénomène comme une opportunité de forger une nouvelle forme de compréhension internationale, non seulement parmi les politiciens, mais aussi parmi les citoyens de nationalités diverses. Joseph Nye a averti que la révolution de l’information a fondamentalement modifié le paysage de la politique étrangère, imposant aux fonctionnaires de s’adapter à l’accroissement du pouvoir des acteurs non étatiques alors que le pouvoir doux occupe une large sphère dans la formulation de la politique étrangère.
Ainsi, de nombreux ministères des affaires étrangères ont commencé à ajuster leurs structures pour s’adapter aux réalités de ce nouvel âge ; ce changement nécessitera des modifications de l’image diplomatique traditionnelle associée à la noblesse, souvent quelqu’un de compétent en langues. L’ère numérique a effectivement cultivé des caractéristiques apparaissant au sein des nouvelles générations d’écoles diplomatiques à travers le monde. Ces facteurs ont libéré la diplomatie de son concept conventionnel, la poussant à rechercher de nouveaux outils pour une existence internationale confortable et à établir des relations qui servent ses intérêts par l’engagement avec les opinions publiques mondiales — élargissant son audience pour une défense plus efficace de ses intérêts à travers divers lieux, surpassant la représentation formelle traditionnelle précédemment mandatée devant États et organisations.
David de Ugarte, dans son livre « Des États aux Réseaux », a postulé que les États ont une histoire d’expiration ; ils seront remplacés par de nouvelles institutions réactives aux développements du monde numérique. Esther Dyson a promu l’idée d’une « intermédiaire sans gouvernement », envisageant une communauté mondiale où des réseaux virtuels transnationaux s’entrelacent avec des communautés locales traditionnelles, nécessitant une analyse exhaustive et sérieuse de ces concepts.
2.4. Diplomatie Twitter : Le Dilemme Entre iPads et Crédentiels
Matthias Lüfkens s’est concentré sur le concept de diplomatie numérique à travers Twitter, supervisant le site Twiplomacy, qui a publié des rapports annuels depuis 2012 détaillant comment les chefs d’État et de gouvernement utilisent Twitter pour interagir avec les citoyens et leurs pairs. Lüfkens croit que les diplomates les plus fructueux sont ceux qui sont compétents dans l’utilisation des iPads plutôt que de compter sur des crédentiels, affirmant que les avantages de la diplomatie Twitter transcendent la communication avec les électeurs et les politiciens pour faciliter l’interaction avec les diplomates et les chefs d’État.
Antonio Deruda a noté que Twitter sert de source d’information significative et de plateforme principale pour la communication diplomatique, devenant l’outil préféré des fonctionnaires gouvernementaux et des diplomates internationaux. De plus, Twitter permet des interviews en temps réel avec des leaders politiques à travers le service “Twitcam”, et il est également utilisé comme plateforme pour mobiliser des groupes sociaux autour de diverses causes comme l’organisation de manifestations.
Twitter a joué un rôle central durant ce qui a été appelé les “Révolutions Twitter” ou les événements du Printemps arabe, ainsi que les manifestations survenues à la suite des élections en Iran et en Moldavie en 2009, et les manifestations contre le coup d’État ukrainien de 2013 à 2014, et même durant les manifestations au Venezuela la même année. Les leaders l’ont utilisé pour envoyer des messages à leurs partisans afin de les informer et de les organiser au sein des manifestations de rue.
Une étude de 2013 menée par la société mondiale de communication stratégique et de relations publiques Burson-Marsteller a indiqué que 83 % des États membres de l’ONU maintenaient un compte Twitter, représentant 68 % de tous les chefs d’État et de gouvernement dans le monde. Deux tiers des dirigeants mondiaux de 125 pays étaient présents sur Twitter, avec une popularité particulière en Amérique du Nord et en Europe. En 2015, le pourcentage de leaders ayant des comptes Twitter a atteint 86 %, et l’étude a révélé que plus de la moitié des ministres des affaires étrangères du monde et de leurs institutions étaient actifs sur la plateforme.
L’ancien ministre italien des affaires étrangères, Giulio Terzi, a commenté que Twitter offre deux impacts positifs significatifs sur la politique étrangère : il favorise l’échange d’idées entre les politiciens et la société civile, et il améliore la capacité des diplomates à recueillir, analyser, gérer et répondre à l’information en temps utile.
Selon Lüfkens, le rôle de la diplomatie Twitter est devenu évident dans les relations diplomatiques ; il a été utilisé par le défunt président vénézuélien Hugo Chávez comme un outil dans sa campagne, facilitant sa réélection en octobre 2012, tout en interagissant directement avec 3,6 millions d’abonnés. L’ancien président estonien Toomas Hendrik Ilves a utilisé la plateforme pour contrer les reportages négatifs publiés par le New York Times concernant son pays durant la même année. Cependant, la diplomatie Twitter n’est pas un substitut à la diplomatie traditionnelle.
Deruda considère que la diplomatie Twitter, aux côtés d’autres réseaux sociaux, a modifié les interactions diplomatiques traditionnelles et formelles — les messages par courriel et les communications en ligne ont remodelé le paysage diplomatique en raccourcissant les distances entre les pays, diminuant l’idée traditionnelle de protocole et affaiblissant le rôle des ambassades. Ce sentiment fait écho à la conclusion d’Eva Harder selon laquelle Twitter a changé le visage de la diplomatie de la même manière qu’il a transformé l’engagement médiatique des citoyens par leurs gouvernements.
En 2011, la Première ministre australienne Julia Gillard n’a pas répondu à son homologue néo-zélandais John Key sur Twitter. De même, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est abstenu de reconnaître la Palestine sur la plateforme, permettant à l’opinion publique mondiale d’inférer des positions diplomatiques significatives à partir de ces omissions. Dans ce contexte, l’action de “suivre” et de “ne pas suivre” sur Twitter est devenue un point focal de tension diplomatique, où le suivi signifie des relations amicales, tandis que ne pas répondre suggère des problèmes sous-jacents potentiels.
Le défunt président vénézuélien Hugo Chávez suivant des leaders de gauche d’Équateur, d’Argentine, du Brésil et de Cuba sur Twitter a établi une carte d’alliances parmi les gouvernements de gauche en Amérique latine. En revanche, les interactions entre les dirigeants de la Colombie, du Chili et du Pérou représentaient un noyau de gouvernements de droite, indiquant une autre carte d’alliances régionales qui a persisté jusqu’en 2014, avec quelques exceptions. L’intérêt pour le suivi sur Twitter a ainsi émergé comme un indicateur diplomatique, incitant de nombreux pays àœuvrer pour être suivis par des influenceurs sur la scène diplomatique mondiale.
Les chercheurs ont cherché à examiner les effets que la nature de ces relations en ligne pourrait avoir sur les relations internationales. Le 25 mai 2015, le Département d’État des États-Unis a “suivi” le ministère cubain des affaires étrangères sur Twitter, et Cuba a ensuite réciproqué ce geste le même jour. Cette connexion en ligne est survenue deux mois avant que les deux nations n’accueillent officiellement la réengagement via les réseaux sociaux.
Les scènes actuelles indiquent une interaction croissante entre diplomates et ministères sur la plateforme. Le 28 janvier 2017, le Premier ministre israélien Netanyahu a tweeté des éloges pour l’initiative du président Trump visant à construire un “mur frontalier” avec le Mexique, qualifiant cela d’idée fantastique pour freiner l’immigration illégale. Quelques heures plus tard, le gouvernement mexicain a publiquement exigé des excuses du Premier ministre israélien pour sa déclaration. Le 20 février de la même année, l’ambassade suédoise en Amérique a répondu à un tweet de Trump, affirmant qu’il y avait eu une attaque terroriste en Suède.
3.4. La Surpassion d’Internet par les États dans la Formation de Politique Internationale
Depuis les années 1990, le monde a été témoin d’un changement remarquable dans les opérations de communication, les réseaux sociaux jouant un rôle nodal dans la diffusion et la dissémination des nouvelles. Les développements d’Internet et la diminution des coûts technologiques ont accéléré la transmission et l’échange de données. Jusqu’aux années 1950, les interactions dans les relations internationales étaient principalement centrées sur l’État, tandis que la diplomatie servait de moyen de gestion de ces interactions. Le rôle des diplomates a évolué, selon Hedley Bull, dans la gestion des relations entre États et entités influentes dans la politique mondiale.
Internet a la capacité de commenter le développement de différents phénomènes et mouvements, liant ces groupes et amplifiant leurs voix sur la scène mondiale, introduisant de nouveaux éléments actifs dans le domaine de la diplomatie, permettant la participation et l’influence. Le diplomate néo-zélandais Richard Grant a décrit ce processus comme une “démocratisation de la diplomatie”, où Internet a permis à de nouveaux acteurs de s’engager dans des domaines élargis, activant la participation des entités non étatiques.
Internet a trois impacts fondamentaux sur les relations internationales :
- Doubler le nombre d’acteurs impliqués dans la formulation des politiques mondiales.
- Diffusion d’informations gratuites et rapides, quelle que soit leur précision.
- Offre de services diplomatiques plus efficaces et moins coûteux aux citoyens ou aux gouvernements.
L’information personnelle, une fois rendue publique, peut profondément affecter la gestion des affaires internationales ; le scandale d’Abou Ghraib sert d’exemple illustratif : lorsque les images exposant le traitement inhumain des détenus irakiens ont été diffusées mondialement par Internet, cela a considérablement terni la réputation de l’Amérique et incité à des attaques jihadistes cherchant à se venger. En outre, la guerre en Irak, facilitée par Internet, a entraîné les démissions de José María Aznar en Espagne et de Tony Blair au Royaume-Uni, avec des ramifications conséquentes dans les relations internationales.
La nécessité de s’adapter à Internet n’est plus confinée aux États seuls ; cette adaptation s’étend aux organisations non gouvernementales cherchant une influence accrue dans les affaires internationales. Notamment, le Comité des Affaires Publiques Américaines-Israéliennes (AIPAC) souligne sa capacité à mobiliser des avocats juifs à travers les plateformes en ligne. Les plateformes disponibles ont démocratisé les ressources nécessaires à la communication, les citoyens ne rencontrant plus de défis à trouver ceux partageant des idéologies et des penchants similaires au sein d’une communauté interconnectée par un réseau de connexions simples.
Bien que la diplomatie ait principalement eu lieu entre les gouvernements des États, l’émergence d’Internet a introduit de nombreuses variables qui empêchent à la diplomatie traditionnelle de maintenir son cours. L’impact de la diplomatie numérique sur la formulation de la politique étrangère se manifeste dans les domaines suivants :
- Rendez-vous public : Internet influence les services fournis par les diplomates et les ministères des affaires étrangères ainsi que les départements administratifs locaux et les institutions privées. Les méthodes traditionnelles de distribution diplomatique ont été testées par l’internet, facilitant l’accès à l’information alors que les ministères des affaires étrangères et les ambassades offrent désormais des services en ligne.
- Idées : Les idées et les valeurs jouent un rôle essentiel dans la formation de la politique étrangère et relèvent de ce que Joseph Nye appelle le “pouvoir doux”. L’approche diplomatique traditionnelle consisterait à discuter de tout problème en prononçant des discours ministériels ou en distribuant des brochures pour détourner les messages principaux vers la radio et la télévision, et les médias imprimés ; aujourd’hui, ces discours sont directement publiés sur les sites officiels pour un accès immédiat. La prolifération de blogs et de forums interactifs soutient des discussions politiques impliquant des experts plutôt que seulement des ministres ou des responsables.
- Réseaux : Établir des réseaux appropriés sert de plateforme de discussion parmi les parties prenantes et les décideurs concernant les politiques nationales et influençant la politique étrangère. Cette structure de réseau permet aux diplomates non seulement de rassembler des informations fiables pour une prise de décision éclairée, mais aussi d’explorer des moyens d’optimiser leur influence.
La Réalité Internationale de la Diplomatie Numérique : Avantages et Contraintes
1.5. La Course Internationale pour Transformer les Interactions Diplomatiques
Les politiques internationales à l’ère de l’information nécessitent des efforts considérables pour forger une conscience mondiale et créer un public qui adopte et accepte les orientations de la politique étrangère. L’ambassadeur britannique au Liban, Tom Fletcher, a noté que les médias sociaux sont devenus indispensables dans le travail diplomatique moderne et que les citoyens en ligne font partie des discussions entourant la politique étrangère.
Le changement de pratique politique de l’ancien président américain Barack Obama à partir de 2008 est considéré comme une nouvelle approche diplomatique. Son utilisation de Twitter, avec une audience d’environ 96 millions de followers et environ 15 500 tweets, a reçu à la fois des retours positifs et négatifs. Mois après le lancement de son Twitter, l’ancien président vénézuélien Hugo Chávez a créé son compte, suivi par le président colombien Álvaro Uribe, le Rafael Correa d’Équateur et la Cristina Fernández d’Argentine, renforçant les interactions entre les dirigeants latino-américains. Michael McFaul, ambassadeur américain en Russie, a été un pionnier de l’utilisation de Twitter pour des questions diplomatiques, communiquant à la fois en russe et en anglais depuis le début de son mandat en 2011, rendant les politiques américaines plus claires pour ses abonnés.
Le Département d’État des États-Unis a investi sérieusement dans ce domaine, menant une formation pour activistes sociaux sur l’utilisation des médias sociaux afin de les aider à « cacher » leurs activités des forces de sécurité de leurs pays en supprimant les traces pour un suivi plus difficile, tout en développant simultanément leurs compétences pour « franchir les pare-feux » et échapper à la surveillance.
En 2008, l’ambassade américaine à Pékin a installé un écran de qualité de l’air, diffusant les relevés horaires via Twitter pour attirer l’attention sur la pollution, suscitant un discours public parmi les populations chinoises contre les politiques de leur gouvernement. Le nombre de comptes Twitter du Département d’État américain a dépassé 300, et il maintenait plus de 400 pages sur Facebook dans les langues du pays hôte. En 2013, des tweets étaient émis dans 11 langues, avec environ 900 diplomates utilisant la diplomatie numérique à l’étranger, y compris 39 ambassadeurs. En mai 2013, les sites de médias sociaux du Département d’État avaient accumulé 26 millions de followers, marquant une augmentation de 350 % par rapport à janvier 2012.
De plus, le Département d’État a exploité les technologies de financement participatif pour lancer des plateformes collaboratives pour cartographier les besoins (MapGive). En 2014, le département a lancé un laboratoire de développement complet visant à fournir des solutions aux défis de développement complexes. Dans les programmes éducatifs, il a introduit le concept de “MOOC Camp” d’offrir des cours en ligne aux ambassades américaines dans le monde, travaillant à améliorer la diplomatie numérique en augmentant la connectivité avec les réseaux et en encourageant leur utilisation. De plus, il a mis en œuvre une initiative du 21e siècle pour l’efficacité politique visant à former les diplomates américains et à les encourager à s’engager avec ces plateformes pour créer un dialogue social mondial. Le terme “diplomatie des réseaux sociaux” s’étend désormais au-delà de l’interaction entre États pour englober le dialogue avec la société civile, permettant de prêter attention et d’écouter les citoyens.
La France est devenue un leader en diplomatie numérique, la qualifiant de “diplomatie d’influence”, se classant deuxième en 2016 et troisième en 2017 dans des rapports sur la diplomatie numérique. Le ministère des affaires étrangères français a créé son site en ligne dès 1995, tentant d’améliorer son image, de défendre ses intérêts et de renforcer l’interaction publique avec ses activités étrangères sur le web, attirant environ 1,7 million de visiteurs mensuels. De plus, la France a ouvert des comptes dans diverses langues liées à la “diplomatie française”. Le ministère tient une session interactive mensuelle sur Twitter permettant au public de se connecter avec des responsables, offrant des réponses à un large éventail de questions, favorisant un engagement direct avec les audiences et les influençant.
Plus de 280 missions diplomatiques françaises ont établi des plateformes numériques, le nombre de langues utilisées sur ces sites approchant quinze. Ces ambassades et consulats s’engagent principalement par le biais de Twitter et Facebook tout en s’adaptant aux plateformes les plus utilisées dans leurs pays hôtes, comme l’utilisation de Weibo en Chine. De plus, l’expérience danoise a signifié sa nomination de Kasper Klink comme son premier ambassadeur auprès des réseaux représentés par de grandes entreprises technologiques, y compris celles spécialisées dans les applications de smartphone et les réseaux sociaux.
En Iran, le ministre des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a créé un compte Twitter en anglais. Au Chili, dans le cadre de l’initiative de l’Université Andres Bello, le ministère des affaires étrangères met régulièrement à jour ses activités, prouvant son efficacité et le transformant en politique d’État visant à favoriser la transparence et l’accès à l’information publique, permettant l’expression d’idées et l’interaction à travers les réseaux sociaux afin de favoriser la collaboration entre les peuples et leurs gouvernements.
Selon une étude de la plateforme Twiplomacy évaluant les interactions mondiales, 97 % des États membres de l’ONU ont une présence sur Twitter, avec 951 comptes Twitter qui incluent 372 comptes personnels pour des chefs d’État et de gouvernement, et 579 comptes pour des institutions officielles dans 187 pays. Le compte du président des États-Unis se classe premier pour les abonnés parmi les sites officiels dans le monde.
Conclusion
Le développement technologique a joué un rôle significatif dans la transformation des structures et des contours de nombreux phénomènes et sujets. La diplomatie numérique peut être considérée comme un produit de l’exploitation des résultats et de l’utilisation stratégique de la technologie de l’information et de la communication, devenue une partie inséparable de la politique étrangère. Elle redéfinit la livraison des données à travers de nouveaux canaux qui poussent les gouvernements vers une plus grande transparence dans leur gestion des affaires étrangères.
La nature de la gestion de l’information et les manières de l’utiliser ont été transformées ; le secret n’est plus bénéfique ; au lieu de cela, la rapidité de transmission de l’information et l’assurance de sa crédibilité servent maintenant de capital inestimable dans la construction du prestige et du statut de l’État. La diplomatie numérique a émergé comme un outil pour interagir avec les peuples étrangers et un mécanisme opérationnel pour s’adapter à eux, créant les bases pour accueillir une politique étrangère adaptée à une livraison efficace qui tire parti du pouvoir doux aux côtés du pouvoir intelligent.
Les pays déploient des canaux de médias sociaux basés sur des stratégies qui comprennent l’engagement des utilisateurs, visant à exister bien au-delà de leurs frontières géographiques sans tirer un coup de feu tout en minimisant les charges financières. Ce bond dans les trajectoires d’engagement diplomatique a poussé de nombreuses nations à concevoir des stratégies intelligentes pour s’aligner sur les avancées technologiques, que l’étude conclut comme étant une variable indépendante au sein des couches façonnant le tissu de la diplomatie numérique, les plateformes de réseaux sociaux agissant comme des variables intermédiaires. Ainsi, la diplomatie numérique devient la variable dépendante chargée d’utiliser habilement les éléments précédents et de naviguer habilement à l’intérieur de ses outils pour servir les intérêts nationaux dans de nouveaux mécanismes de politique étrangère.
Les retards dans l’adoption de cette transformation pourraient entraîner des coûts pour ceux qui sont inconscients ou réticents à accompagner ces changements, avec des charges et des défis qui pourraient prendre des décennies ou des siècles à atténuer. Néanmoins, bien que la diplomatie numérique ne puisse pas remplacer la diplomatie traditionnelle, elle peut certainement améliorer les opérations des États dans les relations internationales, accélérant et amplifiant leur efficacité.
Références
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- “The Digital Diplomacy Handbook: How to Use Social Media for Global Engagement” by Andreas Sandre
- “Digital Diplomacy and International Organisations: Autonomy, Legitimacy and Contestation” by Corneliu Bjola and Ruben Zaiotti
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- “Public Diplomacy in the Digital Age” edited by Guy J. Golan, Sung-Un Yang, and Dennis Kinsey
- “Cyber-Diplomacy: Managing Foreign Policy in the Twenty-First Century” by Shaun Riordan
- “Diplomacy and the Digital Revolution: Political Communication in the New Media Environment” by Majid Tehranian
- “Virtual Diplomacy and the Digital State” by Marcus Holmes and Corneliu Bjola
- “Digital World War: Islamists, Extremists, and the Fight for Cyber Supremacy” by Haroon Ullah
- “Digital Diplomacy: Global Public Diplomacy in the Internet Age” by Wilson Dizard Jr.
- “Digital Government: Technology and Public Sector Performance” by Darrell M. West
- “The Digital Transformation of Diplomacy” by Jovan Kurbalija and Katharina Höne
- “Networks of Influence: Understanding Digital Diplomacy in International Relations” by Corneliu Bjola
- “Soft Power and Digital Diplomacy: Social Media as Tools of International Communication” by Beata Ociepka
- “The Rise of Digital Diplomacy: Information, Communication, and International Relations” by Jennifer Brinkerhoff
- “Diplomacy and the Digital State: Global Practices and Innovation” by Paulo Siqueira
- “The Digital Public Diplomacy of States: Messages, Strategies, and Effectiveness” by Ilan Manor
- “Digital International Relations: Exploring the New Frontier” edited by Corneliu Bjola and Louise Tatham
- Graig Hayden, “Digital Diplomacy,” the Encyclopedia of Diplomacy, (2018)
- Bridget Verrekia, “Digital Diplomacy and its Effect on International Relations,” SIT Digital Collections, (Spring 2017).
- Alfredo A. Rodríguez Gómez, “Diplomacia digital, adaptación al mundo digital o nuevo modelo de diplomacia?,” Opción, Año 31, no. Especial 2, (2015): 7.
- Viona Rashica, “the Benefits and Risks of Digital Diplomacy,” SEEU Review, Vol. 13, Issue. 1, (2018)
- Saif Shahin, “Friend, Ally, or Rival? Twitter Diplomacy as “Techno-social” Performance of National Identity,” International Journal of Communication 13, (2019): 5102
- Nicholas J. Cull, “WikiLeaks, public diplomacy 2.0 and the state of digital public diplomacy,” Place Branding and Public Diplomacy, Vol. 7

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