Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est rendu à Washington dimanche 6 avril, après avoir reçu une invitation surprise du président américain Donald Trump. Netanyahu a rencontré Trump hier à la Maison Blanche pour discuter de plusieurs questions cruciales, notamment les tarifs douaniers imposés par l’administration américaine sur la plupart des produits importés, y compris les produits israéliens. Ils ont également abordé l’accord d’échange de prisonniers, les négociations avec l’Iran et d’autres sujets. Il s’agit de la deuxième rencontre entre les deux dirigeants depuis l’entrée en fonction de Trump en janvier. Il est à noter que cette visite ne figurait pas à l’agenda officiel de l’une ou l’autre partie, mais a été organisée de manière inattendue suite à un bref appel téléphonique concernant les tarifs, durant lequel Trump a dit à Netanyahu : « Venez me voir et nous en discuterons. » Cette invitation spontanée est devenue un moment clé que Netanyahu a cherché à exploiter pour faire face à une série de crises tant sur le plan national que régional, en s’appuyant sur sa relation personnelle avec Trump.

Première partie : Le timing de la visite de Netanyahu

La visite de Netanyahu à Washington intervient dans un contexte marqué par plusieurs développements régionaux majeurs. Elle coïncide avec le sommet tripartite au Caire entre l’Égypte, la France et la Jordanie, ainsi qu’avec la visite importante du président français Emmanuel Macron en Égypte quelques heures avant la rencontre Trump-Netanyahu, qui doit durer plusieurs jours. Ce contexte ajoute une importance accrue à cette visite. Ces développements peuvent être résumés comme suit :

Reprise de l’escalade militaire à Gaza et occupation de Rafah :

L’armée d’occupation israélienne a étendu son opération terrestre à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, marquant sa plus grande escalade depuis la reprise de la guerre le 18 mars, après la violation par Israël de l’accord de cessez-le-feu. L’opération vise à prendre le contrôle du corridor de Philadelphie et du poste frontalier de Rafah avec l’Égypte, permettant un déplacement potentiel des résidents palestiniens vers l’ouest, dans la zone d’Al-Mawasi, et élargissant les opérations vers Khan Younis. En exécutant ce qu’un expert militaire a décrit comme une opération en « tenaille » depuis le sud et l’est, l’occupation cherche à diviser la bande de Gaza via des corridors stratégiques comme Philadelphie, Kissufim et Netzarim. Cette escalade a également inclus un crime horrible dans le quartier de Tel Al-Sultan, au sud de Rafah, où l’armée israélienne a commis un massacre connu sous le nom de « massacre des paramédics », ciblant le personnel médical lors d’une opération militaire.

Le sommet tripartite au Caire :

Parallèlement à la visite de Netanyahu à Washington, un sommet a eu lieu entre l’Égypte, la France et la Jordanie au Caire. Ce sommet a inclus un appel téléphonique entre le président américain Donald Trump, le président égyptien Abdel Fattah El-Sissi, le président français Emmanuel Macron et le roi jordanien Abdallah II, à un moment critique d’escalade des tensions militaires dans la région. Ce sommet a reflété un alignement stratégique dans la coordination régionale entre les trois pays, envoyant un message clair que les États-Unis ne peuvent pas gérer seuls le dossier régional. La France joue un rôle central pour rétablir un équilibre et une modération dans la région, et peut même compenser l’absence de leadership américain. Ce sommet a également constitué une réponse régionale coordonnée aux politiques américaines et israéliennes, notamment concernant le déplacement des Palestiniens et les conséquences humanitaires de la crise à Gaza. Cette coordination souligne le rôle de la France comme un acteur équilibrant fort dans le paysage régional et reflète sa volonté d’imposer un équilibre dans la gestion internationale des dossiers palestinien et moyen-oriental.

Impact de l’appel téléphonique sur la coordination de la visite de Netanyahu :

L’appel entre les trois dirigeants et les États-Unis a été largement couvert, avec des versions contradictoires sur son initiateur : le président français Emmanuel Macron, selon l’Élysée, ou le président américain Donald Trump, selon le site américain Axios. Quoi qu’il en soit, le point clé est que cet appel a eu lieu à un moment sensible, perturbant la coordination de la rencontre entre Netanyahu et Trump et entraînant l’annulation de dernière minute d’une conférence de presse. Cela a soulevé des questions sur ce changement soudain de protocole, bien que la conférence ait été rapidement reprogrammée et tenue de manière inattendue.

Deuxième partie : Les principaux sujets de la deuxième rencontre Netanyahu-Trump

La deuxième rencontre entre Netanyahu et Trump a abordé plusieurs sujets importants, notamment :

  1. Cessez-le-feu et échange de prisonniers :
    Le dossier de Gaza a dominé les discussions. Trump a exprimé un optimisme prudent quant à la fin prochaine des opérations militaires dans l’enclave palestinienne assiégée, soulignant les efforts diplomatiques intenses de son administration pour parvenir à un nouvel accord de cessez-le-feu global. Il s’est partiellement basé sur son témoignage personnel après avoir rencontré dix otages israéliens récemment libérés, qui ont raconté les « atrocités » commises par le Hamas. Netanyahu a quant à lui réaffirmé son engagement envers une communication directe avec les familles des otages encore détenus dans des conditions inhumaines à Gaza, soulignant que son gouvernement faisait tout son possible pour obtenir un accord équitable en vue de leur libération immédiate.
  2. L’avenir de Gaza :
    Trump a décrit Gaza en termes durs comme un « piège mortel », nécessitant des années et d’immenses ressources pour sa reconstruction. Il a annoncé son intention de rebaptiser la bande de Gaza « Zone de liberté » après avoir atteint l’objectif de « retirer la population », une déclaration interprétée comme un soutien implicite au déplacement forcé des Palestiniens. Il a salué les propos de Netanyahu sur un « déplacement volontaire » des habitants de Gaza vers d’autres pays.
  3. Négociations nucléaires avec l’Iran et dossier des Houthis :
    Trump a qualifié les opérations militaires américaines contre les Houthis de « douloureuses » pour ce groupe soutenu par l’Iran, mettant en garde contre leurs drones avancés menaçant la navigation internationale. Il a insisté sur l’arrêt immédiat du soutien iranien aux Houthis. Concernant le nucléaire iranien, Trump a annoncé des négociations directes avec Téhéran pour empêcher l’obtention d’une arme nucléaire, soulignant l’importance d’inclure Israël dans tout accord. Netanyahu a réitéré son opposition absolue à un Iran nucléaire.
  4. Tarifs douaniers et préoccupations économiques d’Israël :
    Trump a exclu de suspendre les nouveaux tarifs, affirmant que de nombreux pays chercheraient des accords bilatéraux « équitables ». Netanyahu a proposé de réduire le déficit commercial avec les États-Unis, suggérant qu’Israël pourrait servir de modèle. Trump a également menacé d’augmenter les tarifs sur les importations chinoises.
  5. La Syrie et le rôle de la médiation américano-turque :
    Netanyahu a évoqué la relation personnelle entre Trump et le président turc Recep Tayyip Erdoğan comme une opportunité pour une médiation américaine entre Israël et la Turquie, reflétant une volonté israélienne d’améliorer les relations bilatérales dans le contexte syrien.

Conclusion :

La visite d’urgence de Netanyahu à Washington, dans un contexte régional en mutation rapide, révèle la profondeur des crises internes et régionales d’Israël. Elle souligne ses efforts pour exploiter sa relation personnelle avec Trump afin de relever ces défis. Cependant, la complexité des enjeux, combinée aux mouvements régionaux comme le sommet du Caire, rend difficile toute prédiction sur les conséquences de cette visite pour Gaza et la région.

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