Alors que la Chine se dit neutre dans la guerre en Ukraine, un rapport d’enquête révèle la présence de ressortissants chinois enrôlés dans les rangs de l’armée russe. Que cache cette participation silencieuse ?
Une neutralité chinoise remise en question
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, Pékin adopte une posture officiellement neutre. La Chine appelle régulièrement à la paix et au dialogue, refusant de condamner Moscou, tout en affirmant ne pas être partie prenante dans le conflit.
Mais cette neutralité est aujourd’hui remise en question par une série de révélations troublantes. Selon un rapport d’investigation du média russe indépendant Important Stories, des citoyens chinois s’enrôlent discrètement dans les forces armées russes. Une information d’autant plus sensible qu’elle intervient alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirme que deux ressortissants chinois ont été faits prisonniers sur le champ de bataille.
51 recrues chinoises identifiées en un an
Entre juin 2023 et mai 2024, au moins 51 citoyens chinois ont été recensés dans un centre de recrutement militaire de Moscou. Les données, obtenues par les journalistes d’Important Stories, indiquent que ces individus, âgés de 20 à 51 ans, se sont enrôlés parfois à peine 24 heures après leur arrivée dans la capitale russe.
Certains de ces combattants, comme Rui Zhao (38 ans), ont été envoyés au front dans les mois suivants. Rui Zhao est mort en décembre 2023 lors de combats dans la région de Zaporijia, au sud-est de l’Ukraine.
Des témoignages glaçants d’anciens combattants
Plusieurs anciens soldats chinois ayant combattu pour la Russie ont témoigné sur les réseaux sociaux, décrivant des conditions de guerre extrêmement dures, une logistique défaillante et un taux de mortalité élevé.
« Entre le moment où vous arriviez sur le champ de bataille et celui où vous mouriez, il ne se passait en moyenne que huit à dix heures »,
témoigne ainsi Li Jianwei, un ancien mercenaire de 41 ans, dans une vidéo largement partagée sur les réseaux chinois.
Réaction officielle de Pékin
Face à ces révélations, la Chine tente de désamorcer la polémique. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré lors d’un point de presse :
« La Chine n’a pas déclenché la crise en Ukraine, et n’en est pas partie prenante. Nous demandons toujours à nos ressortissants d’éviter toute implication dans des conflits armés. »
Pékin appelle les parties concernées à éviter les accusations sans fondement et à respecter la position « objective et impartiale » de la Chine dans le dossier ukrainien.
Zelensky brise le silence
Pour la première fois, le président ukrainien aborde directement le rôle de la Chine dans le conflit, affirmant que deux citoyens chinois ont été capturés au combat. Cette prise de parole tranche avec la prudence habituelle de Kyiv, qui espérait jusqu’ici conserver des canaux ouverts avec Pékin dans l’optique d’une médiation future.
Un conflit de plus en plus internationalisé ?
Ce dossier met en lumière une réalité de plus en plus visible : la guerre en Ukraine dépasse largement les frontières européennes. Si l’implication directe de soldats chinois reste encore marginale, elle témoigne d’un glissement géopolitique préoccupant, où des ressortissants de pays tiers participent à un conflit qui redéfinit l’ordre mondial.
La Chine, même sans déployer officiellement ses troupes, soutient indirectement l’effort de guerre russe par ses achats d’énergie, ses exportations à double usage et, désormais, par la présence de certains de ses citoyens sur les champs de bataille.
Conclusion : vers une guerre aux contours flous
À mesure que la guerre russo-ukrainienne s’enlise, le rôle de puissances comme la Chine devient de plus en plus ambigu. Si Pékin continue de clamer sa neutralité, la réalité sur le terrain semble indiquer une implication plus complexe — voire stratégique.
Ce nouvel élément de la guerre moderne, celui des combattants étrangers non déclarés, nous pousse à repenser les dynamiques classiques de conflit. Il pose également une question dérangeante : jusqu’où peut aller la neutralité d’un acteur mondial lorsqu’il soutient tacitement une machine de guerre ?

Subscribe to our email newsletter to get the latest posts delivered right to your email.
Comments